J.-L. Pinol u.a.: Histoire de l’Europe urbaine

Cover
Titel
Histoire de l’Europe urbaine.


Autor(en)
Pinol, Jean-Luc; François Walter
Erschienen
Paris 2003: Editions du Seuil
Anzahl Seiten
2 vol., 969, 889 p.
Preis
URL
Rezensiert für infoclio.ch und H-Soz-Kult von:
André Corboz

Cette remarquable publication d’environ 1860 pages, rédigée par une douzaine d’auteurs, précise d’emblée qu’il ne s’agit pas d’une histoire de l’urbanisme européen, du moment qu’elle est fondée sur le postulat que «ville et société ne se comprennent que dans leurs interrelations». L’entreprise prend donc en considération les rapports qui se tissent entre formes urbaines et pratiques sociales, fonctions et structures (notamment distributives), territoires et populations.

Le premier tome s’étend de l’antiquité au XVIIIe siècle en mettant en évidence les moteurs du développement urbain, qui vont de l’économie au sacré en passant par les projets du pouvoir (royal, impérial, féodal, communal, absolu) et les nécessités militaires. Le succès des projets engendre (et non pas génère, s’il vous plaît!) au Moyen Age l’extension des cités par les faubourgs, ce qui nécessite peu à peu une nouvelle attitude face aux sites existants. Les réseaux viaires, la définition des places (lieux de commerce et de réunion) comme la distribution des sanctuaires découlent du type de gouvernement et d’administration déterminant le site.

Le second tome, de l’Ancien Régime à nos jours, doit faire face à une problématique beaucoup plus complexe et dynamique: en analysant l’évolution des villes depuis la révolution industrielle, on saisit pourquoi et comment il fallut revoir intégralement les critères précédents, donc les politiques urbaines, lesquelles finissent par déboucher nécessairement sur une conception territoriale et non plus ponctuelle de l’habitat. Ici, les théories de la ville jouent un rôle très important. La vie intellectuelle et culturelle (au sens large) participe à cette accélération prodigieuse des phénomènes qui, à la fois, diversifie les sites d’origine historique et paradoxalement les rend peu à peu identiques dans leur structure en raison notamment de l’éclatement de la «ville» qui devient une trame territoriale quasi continue; l’urbain étant désormais un phénomène où les réseaux jouent un rôle majeur par rapport aux surfaces, il importe donc de distinguer entre territoire fonctionnel et territoire institutionnel.

L’un des thèmes les plus intéressants de cette excellente recherche est celui de «la ville européenne d’outre-mer». On apprend ainsi comment certaines fondations de nature purement coloniale ont réussi à se muer en localités essentielles pour les pays où elles avaient été implantées. Les fonctions d’origine, le plus souvent purement techniques (port, comptoir, mine, factorerie, forteresse) ne disposaient que d’un plan totalement formaliste, que ce soit en Amérique du Nord ou du Sud, en Afrique, en Asie ou en Océanie; et pourtant, ces localités ont réussi à acquérir une identité différenciée en échappant progressivement à l’arrogance européenne. Mais il va de soi que les intentions sous-tendant les lieux créés en Europe même les ont eux aussi fait passer par une série de phases qui leur ont permis de jouer un rôle qui le plus souvent n’a plus guère de commun avec ce que les fondateurs voulaient. Moralité: tout comme l’architecture, la ville ne survit que si elle réussit à être transfonctionnelle.

Citation:
André Corboz: Compte rendu de: Jean-Luc Pinol, François Walter (sous la dir. de): Histoire de l’Europe urbaine. Paris, Seuil, 2003. Première publication dans: Revue suisse d’histoire, Vol. 56 Nr. 3, 2006, page 379.

Redaktion
Veröffentlicht am
17.01.2012
Autor(en)
Beiträger
Redaktionell betreut durch
Kooperation
Die Rezension ist hervorgegangen aus der Kooperation mit infoclio.ch (Redaktionelle Betreuung: Eliane Kurmann und Philippe Rogger). http://www.infoclio.ch/
Weitere Informationen